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LES RUINES.

main la Bible, et de l’autre, les quatre Évangiles, le docteur commença de raconter que, dans l’origine, Dieu (après avoir passé une éternité sans rien faire) prit enfin le dessein, sans motif connu, de produire le monde de rien ; qu’ayant créé l’univers entier en six jours, il se trouva fatigué le septième ; qu’ayant placé un premier couple d’humains dans un lieu de délices, pour les y rendre parfaitement heureux, il leur défendit néanmoins de goûter d’un fruit qui leur aissa sous la main ; que ces premiers parents ayant cédé à la tentation, toute leur race (qui n’était pas née) avait été condamnée à porter la peine d’une faute qu’elle n’avait pas commise ; qu’après avoir laissé le genre humain se damner pendant quatre ou cinq mille ans, ce Dieu de miséricorde avait ordonné à un fils bien-aimé, qu’il avait engendré sans mère, et qui était aussi âgé que lui, d’aller se faire mettre à mort sur terre ; et cela, afin de sauver les hommes, dont cependant depuis ce temps-là le très-grand nombre continuait de se perdre ; que, pour remédier à ce nouvel inconvénient, ce dieu, né d’une femme restée vierge, après être mort et ressuscité, renaissait encore chaque jour ; et, sous la forme d’un peu de levain, se multipliait par milliers à la voix du dernier des hommes. Et de là passant à la doctrine des sacrements, il allait traiter à fond de la puissance de lier et de délier, des moyens de purger tout crime avec de l’eau et