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CHAPITRE XXI.

À peine eut-il prononcé ces noms, qu’au sein même des musulmans éclata un schisme terrible : les partisans d’Omar et d’Ali, se traitant mutuellement d’hérétiques, d’impies, de sacrilèges, s’accablèrent de malédictions. La querelle même devint si violente qu’il fallut que les groupes voisins s’interposassent pour les empêcher d’en venir aux mains.

Enfin, le calme s’étant un peu rétabli, le législateur dit aux imams : « Voyez quelles conséquences résultent de vos principes ! Si les hommes les mettaient en pratique, vous-mêmes, d’opposition en opposition, vous vous détruiriez jusques au dernier ; et la première loi de Dieu n’est-elle pas que l’homme vive ? » Puis s’adressant aux autres groupes : « Sans doute cet esprit d’intolérance et d’exclusion choque toute idée de justice, renverse toute base de morale et de société ; cependant, avant de rejeter entièrement ce code de doctrine, ne conviendrait-il pas d’entendre quelques-uns de ses dogmes, afin de ne pas prononcer sur les formes, sans avoir pris connaissance du fond ? »

Et les groupes y ayant consenti, l’imam commença d’exposer comment Dieu, après avoir envoyé vingt-quatre mille prophètes aux nations qui s’égaraient dans l’idolâtrie, en avait enfin envoyé

    mans. Les Turcs ont embrassé le second, les Persans le premier.