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LES RUINES.

phrodites, qui, parents et amis des trois principaux, ont passé leur vie à se livrer des combats, et leurs adorateurs les imitent. Ces dieux n’ont besoin de rien, et sans cesse ils reçoivent des offrandes ; ils sont tout-puissants, remplissent l’univers ; et un brâmane, avec quelques paroles, les enferme dans une idole ou dans une cruche, pour vendre à son gré leurs faveurs.

« Au delà, cette multitude d’autres étendards que, sur lin fond jaunâtre qui leur est commun, tu vois porter des emblèmes différents, sont ceux d’un même dieu, lequel, sous des noms divers, règne chez les nations de l’Orient. Le Chinois l’adore dans Fôt, le Japonais le révère dans Budso, l’habitant de Ceylan dans Bedhou et Boudah, celui de Laos dans Chekia, le Pégouan dans Phta, le Siamois dans Sommona Kodom, le Tibétain dans Boudd et dans La : tous, d’accord sur le fond de son histoire, célèbrent sa vie pénitente, ses mortifications, ses jeûnes, ses fonctions de médiateur et d’expiateur, les haines d’un dieu son ennemi, leurs combats et son ascendant. Mais discords entre eux sur les moyens de lui plaire, ils disputent sur les rites et sur les pratiques, sur les dogmes de la doctrine intérieure et de la doctrine publique. Ici, ce bonze japonais, à la robe jaune, à la tête nue, prêche l’éternité des âmes, leurs transmigrations successives dans divers corps ; et près de lui le sintoïste, niant leur existence sépa-