Page:Volney - Œuvres choisies, Lebigre, 1836.djvu/177

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
113
CHAPITRE XIX.

siècles la terre est un champ de dispute, et vous avez versé des torrents de sang pour des opinions chimériques : qu’ont produit tant de combats et de larmes ? Quand le fort a soumis le faible à son opinion, qu’a-t-il fait pour la vérité et pour l’évidence ? Ô nations ! prenez conseil de votre propre sagesse ! Quand, parmi vous, une contestation divise des individus, des familles, que faites-vous pour les concilier ? Ne leur donnez-vous pas des arbitres ? » Oui, s’écria unanimement la multitude. « Eh bien ! donnez-en de même aux auteurs de vos dissentiments. Ordonnez à ceux qui se font instituteurs, et qui vous imposent leur croyance, d’en débattre devant vous les raisons. Puisqu’ils invoquent vos intérêts, connaissez comment ils les traitent. Et vous, chefs et docteurs des peuples, avant de les entraîner dans la lutte de vos systèmes, discutez-en contradictoirement les preuves. Établissons une controverse solennelle, une recherche publique de la vérité, non devant le tribunal d’un individu corruptible ou d’un parti passionné, mais en face de toutes les lumières et de tous les intérêts dont se compose l’humanité, et que le sens naturel de toute l’espèce soit notre arbitre et notre juge. »