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CHAPITRE XIX.

quand le législateur, ayant réclamé le silence, attira toute mon attention.

« Habitants de la terre, dit-il, une nation libre et puissante vous adresse des paroles de justice et de paix, et elle vous offre de sûrs gages de ses intentions dans sa conviction et son expérience. Long-temps affligée des mêmes maux que vous, elle en a recherché la source ; et elle a trouvé qu’ils dérivaient tous de la violence et de l’injustice, érigées en lois par l’inexpérience des races passées, et maintenues par les préjugés des races présentes : alors, annulant ses institutions factices et arbitraires, et remontant à l’origine de tout droit et de toute raison, elle a vu qu’il existait dans l’ordre même de l’univers, et dans la constitution physique de l’homme, des lois éternelles et immuables, qui n’attendaient que ses regards pour le rendre heureux. Ô hommes ! élevez les yeux vers ce ciel qui vous éclaire ! jetez-les sur cette terre qui vous nourrit ! Quand ils vous offrent à tous les mêmes dons, quand vous avez reçu de la puissance qui les meut la même vie, les mêmes organes, n’en avez-vous pas reçu les mêmes droits à l’usage de ses bienfaits ? Ne vous a-t-elle pas, par là —même, déclarés tous égaux et libres ? Quel mortel osera donc refuser à son semblable ce que lui accorde la nature ? Ô nations ! bannissons toute tyrannie et toute discorde ; ne formons plus qu’une même société, qu’une grande