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LES RUINES.

cun des moyens suffisants de pourvoir à son existence, il résulte avec évidence qu’elle les a tous constitués indépendants les uns des autres ; qu’elle les a créés libres ; que nul n’est soumis à autrui ; que chacun est propriétaire absolu de son être.

« Ainsi, l’égalité et la liberté sont deux attributs essentiels de l’homme ; deux lois de la Divinité, inabrogeables et constitutives comme les propriétés physiques des éléments.

« Or, de ce que tout individu est maître absolu de sa personne, il s’ensuit que la liberté pleine de son consentement est une condition inséparable de tout contrat et de tout engagement.

« Et de ce que tout individu est égal un autre, il suit que la balance de ce qui est rendu à ce qui est donné, doit être rigoureusement en équilibre : en sorte que l’idée de liberté contient essentiellement celle de justice, qui naît de l’égalité.

« L’égalité et la liberté sont donc les bases physiques et inaltérables de toute réunion d’hommes en société, et, par suite, le principe nécessaire et régénérateur de toute loi et de tout système de gouvernement régulier.

« C’est pour avoir dérogé à cette base que chez vous, comme chez tout peuple, se sont introduits les désordres qui vous ont enfin soulevés. C’est en revenant à cette règle que vous pourrez les réformer, et reconstituer une association heureuse.