que croyance, le premier dogme de toute religion, est la proscription absolue du doute, l’interdiction de l’examen, l’abnégation de son propre jugement ? Que fera la vérité pour être reconnue ? Si elle s’offre avec les preuves du raisonnement, l’homme pusillanime récuse sa conscience ; si elle invoque l’autorité des puissances célestes, l’homme préoccupé lui oppose une autorité du même genre, et traite toute innovation de blasphème. Ainsi l’homme, dans son aveuglement, rivant sur lui-même ses fers, s’est à jamais livré sans défense au jeu de son ignorance et de ses passions. Pour dissoudre des entraves si fatales, il faudrait un concours inouï d’heureuses circonstances ; il faudrait qu’une nation entière, guérie du délire de la superstition, fût inaccessible aux impulsions du fanatisme ; qu’affranchi du joug d’une fausse doctrine, un peuple s’imposât lui-même celui de la vraie morale et de la raison ; qu’il fût à la fois hardi et prudent, instruit et docile ; que chaque individu, connaissant ses droits, n’en transgressât pas la limite ; que le pauvre sût résister à la séduction, le riche à l’avarice ; qu’il se trouvât des chefs désintéressés et justes ; que les oppresseurs fussent saisis d’un esprit de démence et de vertige ; que le peuple, recouvrant ses pouvoirs, sentît qu’il ne les peut exercer, et qu’il se constituât des organes ; que, créateur de ses magistrats, il sût à la fois les censurer et les respecter ; que,
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LES RUINES.