Page:Volney - Œuvres choisies, Lebigre, 1836.djvu/130

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
66
LES RUINES.

infini ; Dieu qui, dans l’immensité des cieux, diriges la marche des mondes, et peuples les abîmes de l’espace de millions de soleils tourbillonnants, dis, que paraissent à tes yeux ces insectes humains que déjà ma vue perd sur la terre ! Quand tu t’occupes à guider les astres dans leurs orbites, que sont pour toi les vermisseaux qui s’agitent sur la poussière ? Qu’importent à ton immensité leurs distinctions de partis, de sectes ? et que te font les subtilités dont se tourmente leur folie ?

« Et vous, hommes crédules, montrez-moi l’efficacité de vos pratiques ! Depuis tant de siècles que vous les suivez ou les altérez, qu’ont changé vos recettes aux lois de la nature ? Le soleil en a-t-il plus lui ? le cours des saisons est-il autre ? la terre en est-elle plus féconde ? les peuples sont-ils plus heureux ? Si Dieu est bon, comment se plaît-il à vos pénitences ! S’il est infini, qu’ajoutent vos hommages à sa gloire ? Si ses décrets ont tout prévu, vos prières en changent-elles l’arrêt ? Répondez, hommes inconséquents !

« Vous, vainqueurs, qui dites servir Dieu, a-t-il donc besoin de votre aide ? S’il veut punir, n’a-t-il pas en main les tremblements, les volcans, la foudre ? et le Dieu clément ne sait-il corriger qu’en exterminant ?

« Vous, musulmans, si Dieu vous châtie pour le viol des cinq préceptes, comment élève-t-il les Francs qui s’en rient ? Si c’est par le Qôran qu’il