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LES RUINES.

que, se servant réciproquement de satellites, elles aggravèrent leur esclavage ;

Par la raison que la balance s’étant rompue entre les États, les plus forts accablèrent plus facilement les faibles ;

Enfin, par la raison qu’à mesure que les États se concentrèrent, les peuples, dépouillés de leurs lois, de leurs usages et des gouvernements qui leur étaient propres, perdirent l’esprit de personnalité qui causait leur énergie.

Et les despotes, considérant les empires comme des domaines, et les peuples comme des propriétés, se livrèrent aux déprédations et aux dérèglements de l’autorité la plus arbitraire.

Et toutes les forces et les richesses des nations furent détournées à des dépenses particulières, à des fantaisies personnelles ; et les rois, dans les ennuis de leur satiété, se livrèrent à tous les goûts factices et dépravés : il leur fallut des jardins suspendus sur des voûtes, des fleuves élevés sur des montagnes ; ils changèrent des campagnes fertiles en parcs pour les fauves, creusèrent des lacs dans les terrains secs, élevèrent des rochers dans les lacs, firent construire des palais de marbre et de porphyre, voulurent des ameublements d’or et de diamants. Sous prétexte de religion, leur orgueil fonda des temples, dota des prêtres oiseux, bâtit, pour de vains squelettes, d’extravagants tombeaux, mausolées et pyramides. Pen-