CHAPITRE IV
Mais pendant que l’orthographe cherchait la fixité et la précision, Montaigne relisait et refaisait sans cesse son livre ; il avait entendu bien des critiques sur ses Essais, c’est sans doute, pour ces motifs, qu’il vint lui-même à Paris, en 1588, pour surveiller l’impression de ce qu’on est convenu d’appeler la 5e édition. Celle-ci, d’une fort belle exécution, présente une orthographe moins flottante, plus régulière ; elle offre un certain caractère de simplicité, et semble tenir le milieu entre le système savant et le système populaire ou phonétique ; par ci par là on se heurte à quelques lettres parasites ; il y a plus de voyelles ou de consonnes étymologiques que dans les manuscrits qui nous restent de l’auteur, mais c’est le langage écrit le plus usité alors que généralement on y rencontre.
Néanmoins Montaigne ne fut pas complètement satisfait ; en tête de l’édition de 1588, qui est à la Bibliothèque de Bordeaux, il a écrit des notes qui témoignent de son attention à faire scrupuleusement respecter son orthographe ; elles étaient destinées à l’imprimeur de la 6e édition qu’il préparait. Voici les plus importantes :
« Montre, montrer, remontrer, etc., escrives les sans s à la différance de monstre monstrueus.