Page:Voiture - Lettres, t. 1, éd. Uzanne, 1880.djvu/7

Cette page n’a pas encore été corrigée

de lettres qui s’ignore ou feint de s’ignorer, et, s’il se sent doué de facultés supérieures, il les dissimulera sous les nuances les plus heureuses du bel esprit. Il veut séduire les grands, mais séduire plus généralement que profondément ; il s’inquiète peu des sentiments durables ou de la gloire immortelle, et, selon le mot charmant d’un critique, il a tout mis en viager ; il s’est consumé tout entier à plaire, il n’a été qu’un charme et une merveille de société, un être formé pour la compagnie la plus choisie, moins un fils prodigue qu’un enfant gâté qu’on recherche, qui coquette et qu’on cajole.

Cependant, si dans sa correspondance il ne laisse en relief que des plaisanteries vives et colorées sur les à-propos du jour, ou des narrations pleines de verve sur les agréments de sa vie de courtisan, errant à la suite de Gaston d’Orléans, si dans ses poésies exquises et originales il ne met en jeu que les grâces badines ou amoureuses de ses qualités prime-sautières, nous osons affirmer qu’on n’a évidemment pas assez recherché, à coté de ces talents de l’homme mondain, les rôles du négociateur politique, dont l’activité et la rare intelligence d’intrigue mériteraient une longue étude d’investigation pour les quelques missions qu’il eut à remplir en Flandre, en Espagne, en Italie ou ailleurs[1].

  1. La perte de la correspondance politique de Voiture est des plus regrettables. Pellisson nous apprend qu’il avait laissé