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d’intrigues galantes ou d’équipées nocturnes. Nous le retrouvons quelque temps plus tard également à Paris, aux collèges de Calvi et de Boncour, ou il reçut une éducation des plus soignées en compagnie d’illustres condisciples, tels que le comte Claude de Mesme d’Avaux, le futur plénipotentiaire de Munster, qui devait dans la vie de Voiture jouer un rôle si bienfaisant par ses protections continuelles.

Le fils du marchand de vin était de complexion faible et portait sur sa figure, dès son jeune âge, à défaut d’une distinction de race, cette finesse mélancolique, ou plutôt cette langueur efféminée, qui est comme le caractère noblement délicat des tempéraments lymphatiques[1]. L’esprit était impétueux et la parole vive et mordante chez cette petite personne ; sur les bancs de V école, il charmait ses maîtres et ses camarades par son intelligence ouverte et l’originalité de ses vues. Déjà la fortune semblait avoir jeté les yeux sur cet amoureux de la métaphore. Dès l'âge de quatorze ans il invoquait la Muse et faisait courir des vers de sa façon sur le retour d’Astrée. Deux ans plus tard, en 1614, adressait des stances à Gaston, frère du roi[2], et dans ces essais, bien que médiocres, on ren-

  1. Voiture resta toujours chétif et très faible de santé. Il était sans cesse enrhumé et se plaignait à tout venant, ce qui le fît nommer le pitoyable Voiture dans tous les cercles des précieuses.
  2. Ces stances s’imprimèrent chez Julliot, en 1614, ainsi qu’une pièce latine en faveur du président de Verdun.