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Vincent n’était point fils unique, il avait un frère cadet qui mourut officier au service de Gustave-Adolphe, et deux sœurs dont l’aînée épousa un sieur de Pinchesne, père de ce même Martin de Pinchesne, poète de talent (en dépit des ridicules que lui prêta Despréaux), et publicateur, par la suite, des œuvres de Voiture, dont il se plut à pieusement réunir les manuscrits épars, qui, sans aucun doute, n’eussent jamais été mis au jour sans les soins de ce neveu fidèle.

Il est probable que les premières années du jeune Vincent se passèrent au cabaret, à Amiens, puis à Paris, rue Saint-Denis[1], sur les genoux des gentilshommes qui s’y donnaient rendez-vous pour y verser des brocs en chantant les alléluias du temps ou y deviser


    jeu, il n’en reçut pas le goût du vin et fut buveur d’eau toute sa vie ; son père avait l’habitude de dire qu’on l’avait changé en nourrice. Blot fit sur notre poète ces couplets, sur l’air de : Réveillez-vous, belle endormie :

    Pour bien goûter tous les délices,
    Il faut, Saint-Phal, Blot et Bomains,
    Passer la nuit entre deux cuisses
    Et tout le jour entre deux vins.
    Va, Voiture, tu dégénère,
    Retire-toi, si tu m’en crois ;
    Tu ne vaudras jamais ton père :
    Tu ne vends de vin ni n’en bois.

  1. Voiture, le père, tenait boutique ouverte rue Saint Denis, en 1605. Voir l’acte de naissance du frère de Vincent, extrait du registre de Saint-Eustache, dans le Dictionnaire de Biographie de A. Jal.