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Reine, passeroit où vous le voyez. On envoya chercher la Fée Rancune ; et le grand Instituteur, en attendant, examina les portraits en détail En voici, dit-il, de très-jolis ; ils ne sont qu’au crayon ; mais les attitudes sont plaisantes ; ce sont de vrais Clinchetel. Rancune arriva. Nous admirons votre ouvrage, dit le Roi ; vous avez eu, je vous l’avoue, une idée bien extraordinaire. J’ai voulu savoir, répondit la Fée, s’il y avoit une femme irréprochable, et j’ai imaginé l’enchantement de la fontaine. S’il s’en trouve une seule, poursuivit-elle, qui n’ait pas un petit portrait sur le corps, tous ceux de la Reine disparoîtront. C’est une expérience à faire, s’écria la Reine ; elle sera d’autant plus facile, que presque toutes les femmes se sont baignées. Il n’y a qu’à les faire passer dans la salle des Suisses, et nommer Visiteur le grand Instituteur.

Madame, répliqua-t-il, c’est un droit attaché à ma place ; mais je veux de la décence, et j’exige que la visite se fasse dans ma petite maison. La proposition fut acceptée : chaque femme, sans en dire la cause, fut appelée et reçue en son rang. Le Visiteur s’acquittoit de son emploi avec toute l’attention possible ; il débutoit toujours par cette phrase : Madame, permettez-moi de voir s’il n’y a pas quelque chose là-dessous.