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regards plus tendres. Que le sentiment que vous promettez est doux, poursuivit-il ! qu’il me rendra heureux ! Vous m’en croyez donc capable, continua la Princesse ? Oui, sans doute, reprit Discret, et vous avez dans les yeux un grand fonds d’amitié. Il voulut en même temps la pencher sur la chaise. Que prétendez-vous donc, dit-elle ? Une marque d’amitié. Vous êtes extravagant, reprit-elle d’un ton fâché. Je ne sais pourtant si elle l’étoit bien réellement ; car Potiron, qui étoit au petit lever, fit dans ce même instant une grimace dont la Fée Rusée s’apperçut avec joie. Qu’avez-vous donc, lui dit-elle ? Madame, c’est une espece de tranchée. Il faut prendre garde, reprit la Fée, ces sortes de maux-là ont quelquefois des suites. Je reviens à Tricolore.

Elle en imposa pour un moment à Discret ; et comme elle étoit fort raisonnable, il vit bien qu’il falloit prendre le parti de lui parler raison. Voici comme il s’y prit. Oserois-je demander à Madame en quoi elle fait consister l’amitié ? À faire tout ce qui dépend de soi, répliqua la Princesse, pour obliger celui qui en est l’objet.Ainsi, reprit le Prince, si je vous proposois d’aller bien loin pour me rendre service ? Je partirois sur le champ, dit vivement la Princesse. Madame, poursuivit Discret, je ne veux