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n’en seroit pas difficile, repartit le Prince. Je vous en dispense, reprit promptement la Princesse : de quoi parlerons-nous ? De vous, dit le Prince. Non, cela m’est suspect, répliqua-t-elle. De Potiron ? Cela m’ennuieroit. De moi, continua le Prince sur un ton de roman ? Encore moins, dit vivement Tricolore ; vous ne parlez de vous que pour en venir à moi. Je voudrois, poursuivit Discret, que ces deux choses se touchassent. Vous allez vous embarquer si je n’y prends garde, s’écria Tricolore.

Tournons l’entretien sur une autre matiere. Par exemple, apprenez-moi pourquoi Madame votre mere vous changea en ver luisant, je n’en ai jamais senti la raison de préférence. Cela est trop simple, répondit le Prince. Vous devez vous souvenir du temps que j’étois coq ; et même ce fut vous, Madame, qui me fîtes l’honneur de me faire entrer en charge. Abrégeons, dit Tricolore en rougissant. Volontiers, Madame. Vous vous rappelez sans doute que la Fée Rancune alloit me saisir : il falloit me faire disparoître, et ma mere n’y réussit qu’en me donnant la forme d’un très-petit animal. Elle fit sensément, continua la Princesse ; il y a tant de grosses bêtes dans le monde !

Lorsque je fus vermisseau, reprit Discret, je me trouvai tout d’une venue ; mais comme