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CHAPITRE XIII

Cela va prendre couleur.


Potiron salua le Prince de la main et du ventre, à la façon d’un Financier. Voilà un pauvre garçon qui a l’air trop sot, dit-il à la Princesse ; je gagerois que vous l’avez reçu froidement, peut-être brusquement, et cela n’est pas bien. Je ne trouve pas mauvais que vous fassiez les honneurs de chez moi, pourvu que vous n’en fassiez pas les plaisirs. Cet avantage, répondit Tricolore, n’est réservé qu’à vous. Tandis que Potiron raisonnoit si bien, la Fée Rusée devinoit plus juste sur Monsieur son fils. Elle jugea dans ses yeux, que s’il ne tenoit pas le bonheur, il y touchoit du moins. Il ne se comportoit point en fat, qui, d’un désaveu même, fait une indiscrétion ; il nia, avec l’effronterie qu’en pareil cas on doit avoir, et mentit comme un honnête homme. Vous ne voulez pas me confier où vous en êtes avec la Princesse, reprit la Fée ? je le saurai malgré vous, je n’ai que cela à vous dire.

En effet, dès qu’elle eut quitté le Prince, elle jeta un enchantement sur tous les maris, dont l’effet devoit être de leur donner une attaque