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Il prit un fauteuil, et Tricolore se mit sur sa chaise longue. Discret reprit ainsi la conversation avec un air tendre et sérieux :

Madame, puisqu’il faut vous nommer ainsi, je m’intéresse à Potiron. Je reconnois votre générosité, repartit la Princesse ; que voulez-vous faire pour lui ? Lui épargner de la peine, poursuivit Discret. La Princesse, qui avoit beaucoup de pénétration, vit bien où le Prince en vouloit venir, et dit spirituellement : Seigneur, je reconnois votre délicatesse, mais je sais mon devoir. Remplit-il bien le sien, reprit vivement Discret ? La Princesse ne répondit rien. Ah ! je vois, continua le Prince, que Potiron agit comme vous répondez. Quoi ! il n’est point en adoration devant tant de charmes ? En achevant cette phrase, Discret se jeta aux genoux de la Princesse. Prince, dit-elle, relevez-vous, je vous le demande ; votre attitude est respectueuse, mais on prétend qu’elle est commode pour manquer de respect. Ne le croyez pas, repartit Discret, et connoissez-moi mieux ; mon amour est fondé sur la plus parfaite estime. Hélas ! répliqua Tricolore en soupirant, l’amour qui commence, annonce l’estime, et ment ; l’amour qui finit, promet l’amitié, et manque de parole. Voilà une maxime, reprit Discret, qui tire au précieux. Hé quoi ! seriez-vous