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émue, un jeune homme ! Oui, Madame, répondit-on ; il ne paroît pas avoir plus de vingt ans. Son âge m’attendrit, répondit-elle ; qu’on le fasse entrer : je n’ai pas encore besoin de lumieres. On l’introduisit dans l’appartement ; mais il y fut pris d’une foiblesse ; il s’appuya sur un bureau, et ne put prononcer que cette seule parole d’une voix éteinte : Ah ! Mademoiselle ! La Princesse fut troublée. Mademoiselle, reprit-elle ! que veut dire ce mot ? Je me meurs, s’écria le jeune homme ; vous êtes donc Madame Potiron ? Qu’entends-je, ô Ciel ! dit Tricolore, quel son a frappé mes oreilles ! telle étoit la voix expirante de ce pauvre ver luisant, lorsqu’il me remercioit si poliment de l’avoir écrasé ; mais plus je le considere, plus je crois le reconnoître. Dis-moi, as-tu toujours eu sur toi cette étoile précieuse ? Ah Dieux ! répliqua le Prince, puisque vous êtes mariée, il n’est plus d’étoile pour moi. Hélas ! je n’en puis plus douter, s’écria Tricolore ; c’est mon Prince, c’est lui ; il voit encore le jour..... Il ne tiendroit qu’à vous de me le faire aimer ; mais je crains vos préjugés : je crains.... Seigneur, interrompit Tricolore, vous serez mieux assis ; il vous sera plus commode de parler à tête reposée. J’y consens, répondit Discret, pourvu que la vôtre n’en soit pas plus tranquille.