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Potiron devint surieux comme tous les petits hommes ; il voulut passer par-dessous le rideau ; il crioit de toutes ses forces : Attends, attends-moi, vilain Prêtre. C’est ce qu’il ne faut pas, s’écria Tricolore. Ce mot ralluma le transport au cerveau du pauvre Prince. Ah ! singe exécrable, reprit Potiron, tu auras affaire à moi. En attendant, dit la Fée Rusée, je crois que la Princesse va avoir affaire à lui. Ce qui me console, répartit Potiron, c’est qu’il se piquera du moins. Mesdames, un peu de silence, je vous prie ; il faut savoir comment il s’en tirera ; la chose mérite attention. En même temps, il se colla l’oreille contre le rideau ; il ne s’attendoit pas au dialogue que voici.

Ah, quel plaisir, dit le grand Instituteur ! Quel plaisir, interrompit Potiron ? mais il faut que cet homme soit enragé ! Écoutons encore. Ah, que vous me faites de mal, s’écria la Princesse ! Je ne me connois plus, poursuivit le Serviteur des Autels. Je vais m’évanouir, reprit Tricolore. Chere Princesse, adorable Princesse, beauté vraiment divine, continua le grand Instituteur en balbutiant, encore un moment de courage. Ah ! je suis morte, dit la Princesse en jetant un cri perçant. Le charme se rompit, le rideau disparut ; la Reine de tapisserie s’élança au cou du grand Instituteur, en lui disant :