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par une bizarrerie singuliere, seroient liés entre eux ; en rompant l’un, l’autre le sera aussi par un effet du contre-coup. Il n’y a que vous qui puissiez venir à bout de celui de la Reine ; et si vous ne voulez pas mettre à prosit un si beau privilege, l’honneur de faire cesser celui de la Princesse appartient de droit à notre Instituteur. Je me moque de cela, répartit Potiron, je veux avoir la rose. Seigneur, reprit l’homme céleste, prenez garde à ces paroles : Voilà pour lui. Hé bien, dit Potiron, c’est moi qui suis lui. Seigneur, continua le grand Instituteur, je crois que vous vous trompez ; c’est vous qui êtes toi. La premiere devise vous regarde, et les deux doigts vous reviendront tôt ou tard ; mais je suis sur que la rose sera pour moi. À ces mots, le grand Instituteur tourna ses pas vers la Princesse. Potiron s’accrocha à lui pour le retenir ; mais l’Instituteur prononça ces paroles avec un ton d’inspiration : Puissances invisibles soumises à mes décrets, étendez en ce lieu un rideau sacré qui me sépare des profanes. On vit sur le champ l’appartement séparé en deux par un beau rideau de velours de Gênes. Potiron resta avec les deux Fées du côté de la Reine Tapisserie, et l’Instituteur se trouva, du côté du lit, seul avec la Princesse.