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CHAPITRE X

Façon de rompre un enchantement.


Potiron reprit sa connoissance ; ce n’étoit pas reprendre grand’chose : il ouvrit les yeux, regarda la Princesse, et lui tint ce discours tout rempli de bon sens : Madame, j’aimerois beaucoup mieux que vous me menassiez par le nez. La Princesse, un peu remise, eut envie de rire ; elle se retint cependant, et ne répondit rien. Y sont-ils encore, poursuivit Potiron ? J’en ai peur, dit Tricolore. C’est ce qu’il faut voir, dit le Prince. Il les trouva plus que jamais en forme de compas, avec les mêmes paroles ; Voilà pour toi. Le caractere en étoit tout au plus gros. Je suis fort aise de les retrouver, s’écria Potiron ; j’ai dans ma poche une paire de ciseaux que ma mere m’a donnés ; ils ont la vertu de couper toutes les choses enchantées. L’épreuve réussit, il rasa les deux doigts ; mais la rose et les épines prirent la place aussi-tôt, avec ces mots écrits ; Voilà pour lui. Il fit la même opération sur ce nouvel enchantement ; les deux doigts reparurent, et toujours : Voilà pour toi.

Madame, dit le Prince, il me paroît que voilà une place qui n’est jamais vacante. C’est