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ou une galanterie que l’on me fait. Mais j’apperçois des lettres ; c’est peut-être une devise ; souffrez que je prenne une lumiere pour les lire : le caractere en est très-fin, et je le crois d’Elzévir.

Potiron alla prendre un flambeau ; mais il trouva un changement de décoration. Il n’y avoit plus ni rose ni piquans ; il vit à la place deux grands doigts qui lui faisoient les cornes. Potiron se mit en fureur. Madame, s’écria-t-il, vous avez un Amant, et voilà ses doigts. Seigneur, qu’imaginez-vous-là ? vous me faites injure. Madame, ayez la bonté de vous tenir debout, pour savoir si cela ne changera point. La Princesse se leva, et les deux doigts resterent. Potiron tâcha de réfléchir : il jouoit de malheur toutes les fois que cela lui arrivoit ; il en fit une nouvelle expérience. Princesse, reprit-il avec un air content, tout ceci n’est qu’un jeu ; ce n’est qu’une mauvaise plaisanterie de la Fée Rusée qui veut arrêter mes plaisirs en me donnant des ombrages sur vous. Je remarque que ces deux doigts ne peuvent m’empêcher de vous donner des preuves de mon estime. Ils disparoîtront sans doute lorsque je les aurai méprisés. Il eut alors un désir déplacé (il n’y avoit jamais d’à-propos chez lui) ; il voulut se satisfaire : mais les deux doigts devinrent