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c’étoit l’instant de les laisser ; il congédia l’assemblée, et prit le parti lui-même de s’appuyer sur deux de ses Pages, et de se retirer, en disant une ordure, qu’il prit pour une finesse.

Dans le moment que tout le monde sortoit, on entendit une voix qui prononça ces paroles : Il n’y est pas encore. Madame, dit aussi-tôt Potiron, permettez-moi de lui donner un démenti. Tricolore garda un silence modeste, qui autorisoit les droits de son époux : il alloit en prositer, lorsque la Princesse fit une grimace, une plainte, et un mouvement. Potiron, plein d’égards, contint son feu, et lui demanda ce qu’elle avoit. Seigneur, répondit-elle, c’est quelque chose de très-extraordinaire. Sentez-vous du mal quelque part, poursuivit Potiron ? Seigneur, cela est plus embarrassant que douloureux. Madame, permettez-moi de voir. Je n’ose pas, repartit-elle ; si vous saviez où c’est ! Vous me l’indiquez en me parlant ainsi, reprit Potiron. En même temps il fit l’examen : mais quel fut son étonnement, en appercevant une rose toute épanouie, entourée de piquans ! Ah ! la belle rose, s’écria-t-il ! Madame, seroit-ce, par hasard, une marque de naissance ? Monsieur, dit la Princesse, je crois qu’elle n’y est que de tout à l’heure. Cela est très-singulier, continua Potiron ; c’est un tour que l’on me joue,