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trouva pas un de clair : ainsi Tricolore eut dix-sept perdreaux du premier lit, sans avoir cependant perdu ses prémices de Princesse. Un des oracles du grand Instituteur se trouva vérifié. Dès que ses enfans furent revêtus de queues, on les mit en liberté, et la Fée Rusée rendit à la mere sa forme naturelle.

Ah ! Madame, s’écria-t-elle transportée de joie, que je vous ai d’obligations ; mais, de grâce, qu’est devenu votre fils ? La Fée Rusée, à cette question, tomba dans la tristesse, garda le silence pendant un moment, et fit cette réponse : Vous n’en aurez des nouvelles que trop tôt : le grand Instituteur ne se trompe pas ; vous ne pouvez vous dispenser d’ôter la vie à votre Amant, et dès le soir même qu’il mourra, vous serez forcée d’épouser Potiron. Tricolore voulut gémir ; mais la Fée Rusée, qui prévit que cela ne seroit pas amusant, la laissa seule, et fit fort bien. Je l’imiterai, et je ne rendrai pas compte des réflexions de la Princesse. Ce que l’on se dit à soi-même n’est pas toujours bon à dire aux autres.