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ailes, se redressa, s’éleva sur ses pattes, se rengorgea, tourna autour de la cage, se plaça dessus, en redescendit, alla vis-à-vis la perdrix, passa la tête à travers les barreaux, présenta son bec, et fit des cris d’amour.

Outré de dépit, Potiron le coucha en joue, et tira le déclin : mais tel maître, telle arme ; celle de Potiron fit crac ; il se hâta de réparer la chose ; mais crac encore, et toujours crac. Ah ! maudite arme, ah ! chienne de patraque, s’écrioit-il écumant de fureur ! Tandis qu’il perdoit son temps, le coq ne perdit pas le sien ; il fit si bien, qu’il souleva la porte de la cage, et fut le plus heureux des coqs à la barbe de son rival. Potiron ne pouvoit pas sortir de son trou ; son ventre étoit trop gros, ses jambes trop courtes ; il se mit à crier de toutes ses forces : Hé ! ma chere mere, ma chere mere, venez donc vîte empêcher ce vilain. La Fée Rancune ne fit qu’un saut ; elle avoit déjà la main sur le Prince Discret : mais la Fée Rusée, qui étoit présente, quoiqu’on ne la vît point, rendit dans l’instant son fils invisible comme elle. Rancune le chercha en vain. Madame, dit Potiron, voilà une Princesse qui a bien peu de pudeur. Je l’en punirois, répondit la Fée ; mais on doit respecter son fruit. On la rapporta au Palais, elle pondit ses dix-sept œufs ; il ne s’en