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mots, posa sa main sur le joli visage de Tricolore, qui devint une perdrix bien gentille. Tant mieux, dit le grand Instituteur. Dans le même instant, la Fée toucha de son petit doigt le Prince Discret, qui, comme vous croyez bien, parut un coq-perdrix, fier, et tout plein d’amour. Tant mieux, s’écria encore le grand Instituteur.

On se représente la joie de nos Amans ; mais qu’on juge de leur désespoir, lorsque la Fée Rancune saisit Tricolore, en disant : Doucement, doucement, ma mie, nous vous mettrons en cage : comme vous êtes bien amoureuse, vous serez une chanterelle admirable ; vous appellerez souvent ; Monsieur Discret ne manquera pas d’arriver ; mon bel enfant Potiron se cachera ; c’est ce qu’il fait de mieux : je lui donnerai un bon fusil, il tuera son rival le coq, et puis je ferai si bien que son mariage s’accomplira. Le Roi des Patagons, qui se souvint que l’Oracle avoit prédit à la Princesse qu’elle donneroit la mort à son Amant, ne put s’empêcher de pousser un soupir, et de dire : Ah ! pauvre Prince, te voilà expédié. Et Tricolore aussi, continua le grand Instituteur ; ce sera bien tant mieux pour elle.