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Prince ; mais, du moins, tirez-moi d’un doute cruel : lequel, de Potiron ou de moi, sera assez fortuné pour posséder la Princesse ? Vous allez le savoir clairement, repartit le Prophete. Il fit alors trois tours dans la chambre, marqua trois fois trois croissans, ce qui en faisoit neuf, leva trois fois les yeux du côté de la Lune, fit trois grimaces, trois cabrioles, trois éclats de rire, et prononça cet arrêt infaillible :

Le Prince Discret aura la Princesse Tricolore, et ne l’aura pas ; tant mieux pour elle. Le Prince Potiron aura la Princesse Tricolore, et ne l’aura pas ; tant mieux pour elle et pour moi.

Ah ! l’habile homme, dit la Fée Rusée ! Ah ! le grand homme, dit la petite Vieille ! Ah ! le sot homme, dit le Prince Discret ! Alors l’Instituteur, toujours poli, quoiqu’inspiré, fit une révérence à la Fée Rusée, présenta la main à la petite Vieille, et prit congé du Prince, en lui disant : Demeurez toujours le bien illuminé.