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s’écria la Fée d’une voix haute, tant mieux, mon cher enfant. À votre âgé, on sent fortement ; mais on ne va pas loin, à moins que d’être un de ces hommes privilégiés, tels que le grand Instituteur.

C’est un ami des Dieux qui tire parti de tout ; il contemple sa gloire dans le passé, son plaisir dans le présent, et son bonheur dans l’avenir. Rien ne l’afflige, rien ne le décourage ; c’est pour cela qu’on le nomme le grand Instituteur de tous les tant mieux du monde : je vais vous le chercher, il vous consolera. Madame, dit le Prince à sa mere lorsqu’ils furent seuls, connoissez-vous ce Monsieur Tant mieux-là ? Oui, mon fils, répliqua la Fée ; c’est un saint personnage qui fait beaucoup de bien ; il se met à la portée de tout le monde. Voit-il une femme qui n’est plus jeune ? il dit aussi-tôt : Tant mieux ; et peut-être n’a-t-il pas tort, il y a plus de tant mieux qu’on ne croit dans une femme d’un certain âge. En apperçoit-il une qui tient encore à la naïveté de l’enfance ? il ne manque pas de dire : Et tant mieux ; et je pense, mon fils, que vous n’avez pas de peine à en imaginer les causes. Lui apprend-on qu’une femme aime son mari à la folie ? Tant mieux, s’écrie-t-il à l’instant ; pour aimer son mari, il faut