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le plaisir s’éloignant d’elle, elle avoit du moins l’adresse d’en rapprocher la perspective.

Comme elle craignoit la solitude, tous ses Palais touchoient aux différentes maisons du Roi des Patagons. C’étoit une Fée suivant la Cour ; on n’étoit pas du bon air, lorsqu’on ne lui avoit pas été présenté. Elle crut que c’étoit-là le seul motif qui engageoit la Fée Rusée à lui amener le Prince Discret. Elle le trouva fort bien, et lui dit que sa figure étoit plus à la mode que son nom. La conversation roula d’abord sur des lieux communs ; ce sont de bons amis qui ne manquent jamais au besoin : on parla ensuite de l’événement du jour. La Rusée dit que la Reine étoit changée en figure de tapisserie. La petite Vieille s’écria aussi-tôt : Tant mieux. Madame, reprit le Prince, je vous avoue que je n’ai pas assez de pénétration pour sentir l’à-propos de ce tant mieux-là. J’aime avec passion Tricolore. Tant mieux, dit la Fée. Je crains, répartit Discret, que ce ne soit tant pis. La Reine approuvoit mon amour, maintenant elle n’est plus en état de me donner son agrément. Tant mieux, poursuivit la Fée. Je ne vous conçois pas, dit le Prince : son pere est vertueux, mais foible ; la Fée Rancune en obtiendra la Princesse pour son fils Potiron. Tant mieux,