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strapontin ; je prétends que la Princesse donne la main à mon bel enfant que voilà.

C’est ce que nous verrons, dit la Fée Rusée, qui arriva dans un cabriolet, attelé à six renards. Unissons-nous, Madame, dit à l’instant la Reine, je compte sur votre protection. Je vous l’accorde, répondit la Fée Rusée, et je vous en donne une preuve bien éclatante. Elle la serra au même instant contre la muraille, la toucha de sa baguette, et la Reine des Patagons devint une fort belle figure de tapisserie. Tricolore fit un cri, la Fée Rancune une grimace, le Prince Potiron un gros éclat de rire, le Prince Discret une question, et le Roi des Patagons un remercîment.

Que c’est une belle chose que les événemens dans un Conte ! La métamorphose de la Reine étoit un trait de la plus fine politique ; la tristesse de la Fée Rancune en étoit une preuve : la Fée Rusée étoit triomphante ; cependant elle ne le sera pas toujours. Que d’aventures opposées et contraires va produire le choc de ces deux Puissances ! Ô mon fils ! s’écria la Fée Rusée, que de plaisirs ! que de peines ! que de bonheur ! que d’accidens ! Comment pourrez-vous soutenir et les uns et les autres ? Allons prendre conseil de notre grand Instituteur.