Page:Voisenon - Œuvres complètes, romans et contes, première partie, 1781.djvu/203

Cette page n’a pas encore été corrigée

je lui peignis l’état de mon cœur : je m’apperçus qu’elle vouloit m’interrompre ; mais sa politesse naturelle, que sans doute elle tient de vous, Madame, me laissa achever. J’eus la témérité de lui baiser la main ; elle me laissa faire, parce qu’elle prévoyoit bien que cette faveur ne tireroit pas à conséquence.

Comment, dit la Reine, vous en restâtes là ? Oui, Madame, répondit Discret. Comme la Princesse n’a pas tant d’usage du monde que votre Majesté, elle ne sait pas si bien faire les honneurs de chez elle. Voilà qui est bien, interrompit la Reine, le mariage aura lieu. Elle donna en conséquence les ordres nécessaires ; elle songea aux apprêts, commanda les équipages, leva les étoffes, et fit imprimer les billets. Le Roi fut étonné de la nouvelle ; il l’avoit pourtant apprise par la Gazette, mais il n’en croyoit rien. Il fit venir la Princesse et la Reine, et demanda si on le prenoit pour le Roi de carreau. Non, Monsieur, répliqua la Reine, car il me fait souvent beau jeu ; d’ailleurs, vous savez en votre conscience, que vous n’avez aucun droit sur la Princesse. Le mariage se fera ; j’ai consulté les peres. Et moi, je vous soutiens qu’il ne se fera pas, s’écria la Fée Rancune, que l’on vit paroître dans une désobligeante avec son fils Potiron sur le