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dit avec transport : Oui, je conçois, Madame, qu’une entrevue est nécessaire. Elle se fait à présent, répondit la Reine en fixant le Prince. Il parut étonné ; il regarda de tous les côtés, pour savoir s’il n’appercevroit pas Tricolore. Ma fille a confiance en moi, reprit la Reine ; je suis une autre elle-même ; c’est moi qui la représente ; elle vous acceptera si vous me convenez. Tout ce que je crains, poursuivit-elle avec un air modeste, c’est que ma fille ne vous convienne pas.

Le Prince connut les desseins de la Reine ; il vit qu’il n’obtiendroit Tricolore qu’à ces conditions. La Reine étoit encore aimable ; il se détermina, et s’exprima en ces termes : Cette façon de faire l’entrevue augmente mon bonheur. En même temps il serra la main de sa Majesté, qui le lui rendit bien, et qui laissa échapper ces mots : Prince, en vérité, je crois que vous conviendrez à ma fille. Je suis bien certain, continua-t-il vivement, que mon bonheur dépend d’elle. Elle est contente de l’entrevue, répliqua la Reine.

Discret s’imagina en être quitte. Je puis donc me flatter, dit-il en soupirant, que le mariage se conclura. Oui, sans doute, poursuivit la Reine, vos caracteres se rapportent ; mais vous savez aussi bien que moi que les Grands s’épousent