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s’offenseroient de ce début ; je ne le trouve point du tout révoltant. Madame, poursuivit le Prince, j’ai une demande à vous faire ; je ne m’adresse qu’à vous, et.point au Roi. Je suis le fils de la Fée Rusée. Vous tenez d’elle, à ce qu’il me paroît, dit la Reine, d’ailleurs votre air est intéressant ; vous avez de grands yeux noirs ; je parierois que vous n’êtes pas capable de mauvais procédés. J’en ai même de bons, répartit le Prince, le plus souvent qu’il m’est possible. Ah ! Madame, continua-t’il en soupirant, que Tricolore est aimable ! C’est une assez bonne enfant, reprit la Reine ; cela n’a encore idée de rien ; je ne sais, mais si j’étois homme, je ne pourrois pas souffrir les petites filles ; je vois cependant qu’elles sont à la mode ; le goût se perd, il n’y a plus de mœurs. C’est parce que j’en ai, dit le Prince, que j’ai des vûes sur la Princesse. Des vûes, interrompit la Reine ! qu’est-ce que c’est que des vûes sur ma fille ? Vous commencez à me manquer de respect. Ce seroit bien contre mon intention, répondit Discret : je veux seulement prouver à votre Majesté.... Que vous n’avez point d’usage du monde, dit vivement la Reine :je vois que vous voulez platement devenir l’époux de Tricolore ; vous ne vous rendez pas justice ; en vérité, Prince, vous valez mieux