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met d’entrer dans le « concert des nations civilisées ». Les jeunes gens vont étudier dans toutes les grandes universités comme dans nos premières écoles de guerre ; la presse, à peine créée, répand sur tout son territoire, à profusion, les idées d’Outre-Mer et d’Outre-Monts ; l’instruction se propage avec une étonnante rapidité ; les chemins de fer s’établissent ; le calendrier grégorien est adopté ; dès 1889 la Constitution est solennellement proclamée. Trente-cinq ans avaient suffi à ce peuple extraordinaire pour franchir l’étape que ses aînés d’Europe parcoururent péniblement en plusieurs siècles d’histoire. Et ce n’est point fini. Chacun sait aujourd’hui quelles sont les visées, les ambitions, les ressources et l’intelligence du Japon de 1905 !

Or, c’est au sein de cette société que l’Église doit exercer son action sanctificatrice et aussi, malgré les apparences, sa mission civilisatrice. Cette fois-ci elle n’a plus affaire avec des tribus sauvages qu’il faut enseigner, convertir et baptiser. Comme au jour où Paul arriva en Grèce prêcher le « Dieu inconnu » comme aux jours où Pierre vint annoncer la bonne nouvelle sur la voie Nomentane, les missionnaires se trouvent en présence d’une société païenne assez analogue à celle du Ier siècle, aussi fière de sa conquérante puissance que pouvait l’être Rome, aussi orgueilleuse de sa pensée que pouvait l’être Athènes, aussi corrompue, hélas ! que l’était l’antiquité. Ainsi qu’autrefois, les apôtres d’au-