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contre l’étranger qui envahit sa patrie. Avec cela, comme chez chaque asiatique, un orgueil qui n’a nulle limite, un sensualisme qu’aucun frein ne peut tenir en bride et une duplicité qui, pour se déguiser sous le nom de diplomatie, n’en est pas moins un vice qu’on retrouve dans toutes les classes de la société. Là est la vraie difficulté que rencontre le christianisme et la raison qui explique ses longs quoique réels progrès. — Mais à côté de ces traits du caractère japonais, il en est d’autres, singulièrement plus nobles par où l’Église peut avoir prise et accès. D’abord c’est l’intelligence. Par nature le Japonais est intelligent dans toute la force du terme, c’est-à-dire qu’avec une puissance d’assimilation remarquable, il est d’une curiosité sans borne et d’une perspicacité étonnante. Volontiers, et pendant de longues heures, il aime à entendre parler. En quelque endroit que le missionnaire aille faire une conférence, il va, qu’il soit bouddhiste, shintoïste, protestant ou rien du tout, l’écouter attentivement, puis il discute et il juge. De même il lit avec passion pour le plaisir de lire et d’apprendre quelque chose de nouveau. Aussi, l’œuvre des conférences et de la presse est-elle un des grands soucis du clergé. C’est par là surtout qu’il fait jaillir quelques étincelles de vérités qui souvent illuminent une vie et la rendent chrétienne. Un missionnaire pouvait écrire en 1902 : « Tokio rappelle absolument Alexandrie et ses écoles. Il lui faut