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préjugés antiques, ceux que la tradition, le sang, l’histoire lui ont inculqués. Pour lui, l’Européen est une force momentanée dont on se sert, mais qu’on rejettera le jour où l’on n’en aura plus besoin et qu’on tournera contre lui dès que faire se pourra. En attendant on en profite, on l’exploite le plus habilement possible. Or, le religion comme les autres efflorescences de la civilisation occidentale est une de ces forces. Pauvre et de condition inférieure, il ne peut songer à trouver pour son intelligence et son développement humain des avantages de toutes sortes à ce contact journalier avec l’Europe ; du moins, il peut faire ses petits profits, et il n’y manque pas, en se faisant baptiser. De cette manière, faute de mieux, il aura des secours, un peu d’argent et c’est autant de pris. Si, au contraire, il est de classe riche ou aisée, il est allé en Amérique et en Europe, il a étudié dans les grands centres intellectuels des deux mondes, et lorsqu’il rentre chez lui, armé pour la lutte, il revient avec les mêmes dédains que lorsqu’il était parti, avec une incurable incrédulité en plus. En cours de route, il a lu Rousseau, Renan, Auguste Comte, étudié à Leipzig et à Berlin le christianisme historique et la philosophie allemande, entendu à Paris les orateurs socialistes et, de ce bagage intellectuel, rapporté d’outre-mer, il ne conserve qu’un élégant scepticisme, des idées subversives de tout l’ordre établi, toujours une haine réfléchie