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morale, confident du Mikado et missionnaire dévoué, le luthérien Verbeck, eut jusqu’à sa mort, en 1898, une influence considérable sur la société japonaise et contribua singulièrement au développement des œuvres protestantes. Seulement ces œuvres, organisées par mille sectes diverses qui se combattent et se jalousent les unes les autres, ne peuvent que s’annuler réciproquement et si, de temps à autre, elles font des recrues sincères, le plus grand nombre est attiré à elles par l’espérance de secours dont il a besoin et qu’elles distribuent généreusement. Les Japonais, du reste, se rendent compte que ce n’est pas avec de l’argent qu’on attire les âmes pour les élever de l’erreur à la vérité, pour les purifier et les rendre meilleures et, volontiers, tout en profitant des libéralités protestantes pourraient-ils dire : « Trop d’argent, trop d’argent ! » Non, l’Église au Japon rencontre de grands obstacles, elle a de difficiles combats à soutenir, mais ces obstacles ne se trouvent pas dans les religions adverses, ces combats n’ont pas pour champ clos des croyances opposées : ils sont tous dans le caractère japonais et c’est par le caractère japonais que s’explique aussi le genre d’œuvres que les missionnaires ont créées.

La haine de l’étranger est toujours, aujourd’hui comme autrefois, le sentiment, profond et souvent réfléchi des Japonais. S’il est resté chez lui, s’il est, par conséquent, de famille pauvre, il garde au fond de son âme les