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par un décret du 11 août 1884, le gouvernement proclama la liberté absolue des cultes, ne reconnaissant désormais aucune religion comme religion d’État. En 1889, lorsque la monarchie devint constitutionnelle, l’article 28 de la Constitution fut ainsi conçu : « Les sujets japonais jouiront de la liberté de croyance religieuse en tout ce qui n’est pas préjudiciable à le paix et au bon ordre, ni contraire à leurs devoirs de sujets. » On devine avec quelle joie le clergé accueillit l’heureuse loi de la séparation des Églises qui, en d’autres pays, de civilisation cependant plus ancienne, attriste si profondément tous les cœurs religieux. Là, du moins, la législation n’avait d’autre intention que de donner à tous la liberté et de placer les chrétiens sur le même rang que les autres citoyens ! Désormais donc on n’était plus en mission, on était en terre civilisée ; on pouvait vivre au Japon comme en Europe et comme en Amérique ! Léon XIII s’empressa d’abolir les deux anciens Vicariats apostoliques ainsi que les deux nouveaux qu’il avait créés et le 15 juin 1891 il établissait la hiérarchie catholique au Japon, élevant Tokio au rang d’archevêché avec trois suffragants : Nagasaki, Osaka, Hakodate.

Tant et de si graves événements ne pouvaient manquer de jeter un certain trouble dans la marche normale de le communauté chrétienne. Les Japonais, si longtemps opprimés par des lois implacables, si cruellement