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qui avait fait de Tokio sa résidence, une église s’éleva bientôt dans sa ville épiscopale, tandis que Mgr Petitjean construisait de son côté à Osaka. Les principaux centres japonais ne tardèrent pas à avoir ainsi leurs chapelles avec des œuvres attenantes, si bien qu’en 1879 on pouvait compter dans les deux vicariats 20.146 chrétiens et, en 1884, 30.280. C’étaient là des chiffres capables d’encourager l’ardeur des missionnaires.

Ainsi s’accomplissait l’œuvre de Dieu quand un événement politique de la plus haute importance vint donner un nouvel essor au mouvement religieux qui se dessinait si magnifique en ces lointaines contrées. Résolument, le Japon était enfin entré, dès 1872, dans la voie qui devait le conduire au plein épanouissement de la civilisation. Il comprenait cependant qu’un obstacle insurmontable l’arrêtait au seuil même de ce temple du Progrès dans lequel il avait la prétention de faire grande figure : c’était se religion, son paganisme. Pour transformer sa vie sociale, il lui fallait transformer sa religion, seule capable de modifier à son tour « l’état des esprits et des mœurs ». Or, il ne pouvait être question d’adopter le Christianisme comme culte national. Les préjugés restaient trop tenaces dans l’âme japonaise contre la foi des Occidentaux pour accepter une pareille solution qui, d’autre part, n’eût pas manqué d’avoir sur la politique extérieure une dangereuse répercussion. On prit donc un moyen terme et,