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est obligé de signer un traité avec les « Barbares ». Il faut qu’il ouvre ses portes à l’Amérique en lui permettant de s’établir à Shimoda et à Hakodate. C’est par cette brèche que va passer sur le Japon la tempête qui, venue du large, aura tôt fait de balayer l’ancien ordre établi, pour laisser la place libre à la Révolution qu’elle traîne derrière elle. Les nations européennes suivent de près le sillage tracé par les cuirassés d’Amérique et, tour à tour, l’Angleterre, la Russie, la Hollande, la France viennent réclamer leur place « au Soleil Levant ». C’en est fait de l’ancien Japon. Le nouveau se lève en 1868. Après une lutte intérieure acharnée, le Shogounat est aboli, les partisans des réformes remportent une éclatante victoire sur les Tokugawa qui sont écrasés et le Mikado Mutsu-hito confirme les traités qui livrent à l’étranger le Japon prêt à être éduqué. Et tandis que fort de sa jeunesse et de la vie qu’il sent bouillonner en ses veines, pris soudain d’un irrésistible élan d’expansion, il ne songe plus qu’à signer des traités et à nouer d’amicales relations avec les grands États européens, tandis qu’il affermit son autorité sur mer et rêve déjà de se mesurer avec ses voisins, à commencer par la Chine, à l’intérieur tout se renouvelle. En 1871, la féodalité est abolie ; un parlementarisme sagement mitigé, emprunté aux meilleures constitutions d’Europe — beaucoup à celle d’Allemagne, un peu à celle de France — lui per-