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rétractées ; mais l’œuvre qui s’annonçait vingt-huit mois auparavant si pleine d’espérance, paraissait dès lors, sinon perdue sans retour, du moins gravement menacée.

C’est sur ces entrefaites qu’en cette année 1868 un événement d’une tout autre gravité vint rejeter à l’arrière-plan ces douloureuses préoccupations et donner, par là même, quelque répit aux martyrs : la révolution japonaise.

Le premier acte de ce drame sanglant qui devait si profondément bouleverser la société nippone s’était ouvert en 1865 avec une proclamation de guerre lancée contre les vassaux rebelles par le Shogoun Yemochi. Il s’agissait de punir les agissements de deux princes, Nagato et Satsuma, révoltés contre leur chef. Il ne peut être question de raconter ici les péripéties de cette première lutte qui se termine le 3 janvier 1868 par la suppression du shogounat et à laquelle les chrétiens ne furent pas mêlés. Défait par les troupes de Nagato, Yemochi mourut le 19 septembre 1866 à Osaka. Son successeur, Keiki, sur la proposition du prince de Tosa, promit de se démettre de sa charge pour restituer toute l’autorité qu’il concentrait en ses mains au jeune Mikado alors âgé de 15 ans, Mutsuhito[1] ; malgré ses promesses, il fallut un coup d’État pour le décider : ce qui fut fait par l’ordre impérial supprimant le shogounat.

  1. C’est le souverain actuellement régnant.