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amour touchants ; des conversions s’accomplissent, des baptêmes se confèrent et, forts de toute la force de Jésus-Christ, on peut voir des jeunes gens, des vierges, des vieillards se livrer à toutes les ardeurs d’une étonnante mortification, devenir, sans crainte, et au prix des plus lourds sacrifices, apôtres infatigables parmi leurs frères païens et préoccupés de leur salut comme un moine dans son cloître. On toucha du doigt, au reste, cette vaillance en 1867, lorsque la persécution faillit se réveiller de son court sommeil à propos d’une question de funérailles auxquelles les bonzes prétendaient présider. De toutes parts, on se prépara à la mort avec une joie et une sérénité qui montraient bien que la race des martyrs n’est point éteinte dans l’Église et, énergiquement, les chrétiens refusèrent l’intervention des prêtres païens, avouant hautement leurs relations avec les missionnaires. La persécution ne vint pas sur le moment. Tout au contraire. À la grande joie des missionnaires, on apprit même que le shogoun était disposé à accorder la liberté de conscience. L’alerte, cependant, avait été donnés, et chacun comprit, qu’évitée aujourd’hui, la persécution pouvait éclater demain.

C’est, en effet, ce qui arriva subitement dans la nuit du 14 juillet 1867. Chacun vivait dans le plus grand calme quand, tout à coup, pour des motifs qui n’ont jamais été clairement connus et à l’instigation de personnes dont le nom resta ignoré, le village d’Urakami fut