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habileté du consul de France pour les faire relâcher et, depuis, on vivait dans la crainte continuelle de nouvelles mesures de rigueur. Néanmoins, l’invitation du missionnaire fut acceptée et, tandis qu’il s’agenouillait devant l’autel, trois femmes se détachant du groupe vinrent à ses pieds, les mains sur la poitrine, lui dire subitement par l’intermédiaire de l’une d’elles : « Notre cœur à nous tous qui sommes ici est le même que le vôtre. — Vraiment, répondit M. Pelitjean, mais d’où êtes-vous ? — Nous sommes tous d’Urakami. À Urakami presque tous ont le même cœur que nous. » Et aussitôt cette femme de lui demander : « Sancta Maria no gozowa doko ? Où est l’image de Sainte Marie ? » On peut deviner quelle fut la joie du prêtre à ce nom béni ! Et quoi, à travers les temps, à travers l’espace, c’était le nom de Marie qui, le premier, venait sur les lèvres de ces hommes, chrétiens de pères en fils, par la seule force de la grâce et de leur bonne volonté. Un jour, au XVIe siècle, d’autres missionnaires avaient baptisé leurs ancêtres et, comme un gage d’immortel espoir, ils avaient légué à leurs descendants, avec le souvenir de leur martyre, le nom de leur mère du Ciel. Et quand M. Petitjean les eut conduits vers l’oratoire dédié à la Sainte Vierge, tous de s’écrier avec transport : « Oui, c’est bien Sancta Maria ! Voyez, sur son bras on Ko Jésu Sama, son auguste Fils Jésus ! » Dans une commune union de foi et d’amour, le prêtre d’Occident