Page:Vogt - Le catholicisme au Japon, 1905.pdf/37

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Aussi des Irlandais, quelques Français et quelques Chinois formaient-ils tout le noyau catholique de l’Église japonaise d’alors ; mais déjà six missionnaires étaient à leur service, attendant « dans la prière et la patience » de pouvoir plus efficacement travailler à la propagation du règne de Jésus-Christ. C’est alors que pour réveiller leur courage et leur foi, pour stimuler leur ardeur, Dieu daigna exaucer la prière de ses prêtres et réaliser leurs plus chères espérances. Comme toujours, au début de ses œuvres les plus belles, il voulait qu’une joyeuse aurore vint illuminer d’un divin et miraculeux rayon la moisson naissante, afin que chacun en la contemplant put dire en son cœur : « Digitus Dei est hic ! » Le doigt de Dieu est là. Donc, un vendredi du mois de mars 1865 — le 17 — vers midi et demi, une douzaine de personnes se trouvaient groupées à l’entrée de l’église de Nagasaki et semblaient attendre quelque chose. La porte était fermée. M. Petitjean, mû sans doute, comme il l’a dit lui-même, par une inspiration divine, s’approcha de ces gens, hommes, femmes, enfants et, leur ouvrant l’église, il leur fit signe d’entrer. Non sans crainte, on le suivit, car le souvenir des événements de 1862 était encore vivant et l’on se rappelait avec quelle fureur l’autorité japonaise avait fait arrêter et jeter en prison les sujets du Mikado qui étaient venus entendre les prédication chrétiennes. Il avait fallu alors toute l’énergique