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authentiques des chrétiens d’autrefois vivaient dans l’espoir et l’attente de jours meilleurs, après avoir conservé de leur mieux la foi qu’au XVIe siècle les Espagnols avaient prêchée à leurs pères : et l’on espérait bien, qu’à l’heure marquée par la Providence, la trace en serait trouvée par les nouveaux apôtres. Mais tandis qu’obscurément MM. Girard et Mermet travaillaient au labour de cette terre qu’ils devaient ensemencer, un orage politique de la plus haute gravité se préparait à leur insu. Le Shogoun Yesada, véritable maître du pays, avait dû, forcé par les événements, signer les traités qui ouvraient à l’étranger les portes du Japon. Son patriotisme éclairé, son intelligence et son information politique lui avaient dicté la ligne de conduite qu’il venait de suivre et son ardent loyalisme avait été assez fort pour lui faire préférer, à sa situation personnelle, le repos et la tranquillité de son pays. Car il ne se faisait pas illusion sur la portée des événements dont il était l’un des acteurs. Très vite, il comprit qu’il avait à choisir entre une guerre effroyable semblable à celle qui venait d’ensanglanter la Chine, ou un accord diplomatique avec l’Europe et l’Amérique. Il se décida pour la seconde alternative, mais il y perdit la vie. Le parti national ne pouvait lui pardonner cet acte de faiblesse et de lâcheté à l’égard de ceux qu’il appelait « les Barbares » et sa mort fut le prix de son dévouement. Le meurtre de Yosada ouvrit la crise dans laquelle le