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destiné, peut-être, à recevoir le flambeau de la foi que les pays chrétiens laissent aujourd’hui tomber de leurs mains vacillantes et qui ne s’éteint sur un point que pour briller sur un autre. Or, comme toujours, avant d’agir et de frapper, Dieu prépare ses voies et c’est bien en vain que les hommes essaient de s’opposer à son œuvre. En croyant agir pour leur intérêt propre, ils servent inconsciemment les desseins de la Providence. Cela s’est perpétuellement vu dans l’histoire, et, si rien n’est plus beau que de contempler l’admirable ordonnance d’après laquelle les faits se déroulent et s’enchaînent dans le passé, rien n’est plus réconfortant, plus captivant même, que de chercher dans le présent le secret de l’avenir. À cet égard seul, l’histoire de l’Église japonaise serait déjà en soi singulièrement curieuse et instructive s’il n’y avait encore pour l’historien un autre élément digne à coup sûr de retenir son attention : celui d’une ancienne nouveauté. L’intérêt qui s’attache à la vie religieuse de ce jeune peuple est, en effet, de l’ordre le plus général qui soit, car il est, en même temps, rétrospectif et actuel. Malgré nous — et pour la première fois depuis dix-neuf siècles — nous sommes ramenés, par les faits, au berceau de l’Église, aux origines chrétiennes. Que voyons-nous donc ? D’une part une étonnante révolution qui, subitement, en l’espace de moins d’un demi-siècle, transforme la société japonaise du sommet à la base et la jette telle quelle, et fatalement,