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ce que serait pour lui l’avenir si jamais plus la France ne venait planter son drapeau sur le sol aride où, sentinelle avancée, il avait été posté par la confiance de ses chefs. Or, au matin du 1er mai 1846, fête du roi, à peine eut-il terminé son action de grâce qu’Augustin lui demanda, anxieux, si, durant sa messe, il n’avait pas entendu chanter un oiseau. « Pater, nil audivit per missam ? Per totam missam cantabat avis : navis venit ! ». L’oiseau a chanté ! Le navire vient. Le navire venait en effet. Dans le lointain, à l’horizon, un point noir faisait tache ; bientôt les contours du vaisseau se dessinèrent, les mâts se laissèrent deviner. Mais qu’était-ce ? Ce pouvait être un bateau anglais, une frégate hollandaise. Cependant si les couleurs aimées allaient tout à coup apparaître ! Les couleurs n’apparurent pas, mais, soudain, au coup de midi, vingt et une décharges d’artillerie partirent du bord. C’était l’équipage qui célébrait la saint Philippe ! C’était bien la patrie qui approchait du rivage. La joie de M. Forcade fut indicible. Combien peu, pourtant, il se doutait des autres bonheurs dont Dieu allait récompenser son sacrifice et sa persévérance ! Monté sur une jonque, il se précipite au devant de la « Sabine » et, à le nuit close, il arrive à l’échelle où l’attend un homme qui lui saute au cou, l’embrasse et, les larmes aux yeux, murmure à ses oreilles la première parole de français qu’il entend depuis que « l’Alemène » l’avait quitté : « Un ancien élève, mainte-