Page:Vogt - Le catholicisme au Japon, 1905.pdf/27

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sons du pays, le « Te Deum » et le « Magnificat » et avait pu, dans la joie de son âme, saisir, sur le visage de ces simples, quelque chose de la prenante impression qui remue toutes les foules, qu’elles soient d’Europe où d’Asie, aux accents de ces solennels cantiques, il ne pouvait rien entreprendre et dire sous peine de compromettre l’avenir ! En fait, le mauvais vouloir des chefs s’expliquait. Les îles dépendaient du Japon au point de vue politique et commercial. Que le roi autorisât M. Forcade à prêcher l’Évangile et, tout de suite, l’Empire retirait ses vaisseaux, la Chine rompait toute relation et, finalement, la guerre s’imposait. On comprend que cette considération pesait d’un poids singulièrement lourd dans la balance du seigneur de Nafa et que la présence de cet étranger n’était pas faite pour lui plaire, d’autant, au reste, que ses craintes étaient assez fondées. Cet exil, cet réclusion, dura deux longues années, pendant lesquelles les oreilles de M. Forcade n’entendirent d’autre langage que le mauvais latin de son ami Kô et son cœur le mystérieux et impuissant appel d’un peuple comprenant, sans le pouvoir dire, la grandeur du message que cet étranger leur apportait et qu’il était incapable de leur communiquer. Seule, l’Eucharistie faisait sa force et seule elle était se compagnie dans l’angoissante solitude qui l’enserrait de toute part. L’amiral, même, dont il n’avait aucune nouvelle, semblait l’avoir abandonné et il pouvait se demander