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de ces deux hommes ne se trouve dérangée, elles témoignent de votre bon cœur ; mais vous saurez que les Français, quand ils ont reçu un ordre, l’exécutent, même au péril de leur vie. Ainsi je les débarquerai demain avec leurs effets en les recommandant de nouveau à vos bons soins. » C’était clair et précis. Quelques jours après, « l’Alemène » partait, laissant les deux missionnaires seuls, au milieu d’un peuple ennemi. Durant deux années la vie de M. Forcade fut celle d’un prisonnier respecté. Dès le départ du capitaine Fornier-Duplan, une garde fut commise à la surveillance de l’apôtre qui fut enfermé dans l’ancienne bonzerie d’Amiko. Jamais seul, il ne pouvait ni sortir, ni travailler, ni manger sans être observé. Toujours sa garde était à ses côtés, le harcelant d’hypocrites obséquiosités. Finalement, après deux entrevues avec le gouverneur-roi, il obtint de demeurer seul dans sa chambre et dans un petit jardin qui en dépendait, puis, insensiblement, il prit la liberté de sortir et même, après d’innombrables difficultés, de dire quelques mots aux braves gens qu’il rencontrait sur son chemin. Comme il aurait aimé, alors, pouvoir parler à ces païens des seules choses pour lesquelles il était venu de si loin se faire prisonnier volontaire ! quelle joie eût été la sienne de leur apprendre le nom de Jésus-Christ. Lui qui, un jour, à la demande de quelques mandarins, avait entonné sur le rivage, pour leur donner une idée des chan-